Les femmes dans le monde du vin
Exploitantes viticoles, expertes en œnologie, maîtresses de chai… Longtemps réservé à la gent masculine, le monde du vin connaît depuis quelques années une importante féminisation.
Zoom sur ce phénomène qui mène progressivement la filière viti-vinicole française vers la parité...
Un peu d'histoire
Les plus anciennes représentations de viticultrices ont été découvertes sur des fresques de l'Égypte antique. Il faut toutefois attendre le 18ème siècle pour que des noms féminins commencent à marquer l'univers du vin. La majorité de ces personnes sont des veuves qui prennent en main l'exploitation de leur époux décédé prématurément.
On peut ainsi citer les célèbres Joséphine de Lur-Saluces, Jeanne Alexandrine Pommery et Barbe-Nicole Clicquot. Après la disparition de leur mari, ces trois femmes sont parvenues à fonder un véritable empire du vin français, tout en révolutionnant la viniculture avec des inventions telles que le "champagne brut" ou la "table de remuage".
Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes
En 2021, la France comptait plus de 13 000 exploitantes viticoles, soit 12 % au sein de ce secteur. Quant aux salariées du vignoble, on en dénombre à l'heure actuelle près de 122 000 (33,5 %) qui sont pour la plupart engagées dans le cadre de contrats saisonniers.
Depuis un demi-siècle, les filières d'études de la viti-viniculture connaissent quant à elles une véritable révolution féminine. On peut ainsi citer l'œnologie qui compte actuellement 47 % de femmes. On notera également qu'aujourd'hui 70 % des thèses de doctorat liées au vin sont menées par les femmes, ce qui impactera inévitablement la filière dans les années à venir.
La féminisation de ce secteur est en marche à tous niveaux. On l’observe aussi dans les écoles d’ingénieurs agronomes, où de plus en plus d’étudiants sont de sexe féminin (70% à SupAgro, par exemple). Toutes ne se destinent pas au monde du vin, cependant.
Autre surprise : les professionnelles de la viti-viniculture touchent des salaires dont les montants sont généralement 2,1 % plus élevés que ceux des hommes.
Au niveau des récompenses, enfin, ces dames ne sont pas en reste, puisque le titre de "Meilleure Sommelière de France" a été remporté par Pascaline Lepeltier en 2018. La même année, celle-ci a également obtenu le titre de "Meilleure Ouvrière de France" en section sommellerie.
Encore des obstacles à franchir...
Bien que ces exemples et ces chiffres soient encourageants, du chemin reste à faire. Au sein des concours mondiaux, par exemple, seulement 10 % des participants sont des femmes. Celles-ci ne représentent également que 25 % des experts en œnologie. De même, les contrats qui lient les salariées de vignobles à leurs employeurs sont plus souvent précaires que pour des hommes.
Ce type d'inégalité a conduit au lancement de "Women Do Wine" en 2017. Réunissant 400 professionnelles du vin (œnologues, vigneronnes, cavistes, sommelières...), cette association internationale fondée par Sandrine Goeyvaerts lutte pour défendre les femmes dans l'univers du vin, souvent encore trop emprunt de préjugés.
Ainsi, les femmes relèvent le gant en s’attaquant aux idées qui ont la vie dure. Dans ce contexte d’adversité forgé par une tradition ancestrale, les vocations émergent et bousculent le statu quo. De belles histoires et réussites entrepreneuriales sont là pour le prouver. Désormais il faudra compter sur la présence des femmes, aussi bien en fabrication que dans le monde de la sommellerie, de la critique, de la recherche. Les initiatives se multiplient, témoignant du beau dynamisme de ce mouvement féminin au sein de la viti-viniculture.