Les vignes à l'épreuve du changement climatique
Avec des périodes de sécheresse de plus en plus intenses et de plus en plus longues, le réchauffement climatique n’épargne pas le secteur viticole.
Touchées à la fois par la chaleur et par le manque d’eau, les vignes poussent au ralenti et le rendement en est forcément impacté, plus ou moins en fonction des cépages, mais aussi des moyens mis en place par les viticulteurs et viticultrices pour tirer le meilleur parti d’une situation pour le moins complexe.
La sécheresse, un phénomène qui va en s’amplifiant
Si la sécheresse est loin d’être un phénomène nouveau, il est indéniable qu’il va en s’empirant avec des périodes de sécheresse plus intenses mais aussi plus longues et plus précoces. Les sols n’ont pas le temps de se réhydrater pendant les périodes habituelles de fortes précipitations, les nappes phréatiques ont tendance à se tarir dramatiquement. Les limitations sur l’utilisation de l’eau dans de nombreux départements se font plus plus sévères et il suffit de peu à certains cépages pour compromettre toute une récolte. Les orages estivaux sont attendus avec impatience mais on espère qu’ils ne n’amèneront pas la grêle. Début juin, les violentes intempéries ont frappé 18 départements français avec parfois des grêlons d’une taille inhabituelle, provoquant d’importants dégâts matériels et au niveau des cultures. En 2018, de nombreux vignobles se sont retrouvés en difficulté en raison d’une diminution importante de la quantité des précipitations, absolument nécessaires au transit des minéraux dans les sols et ainsi au bon développement des plants.
La viticulture en première ligne face au réchauffement climatique
Aucune culture n’est épargnée par le phénomène ; toutes les racines sont tributaires des minéraux présents dans le sol, et toutes les feuilles et les fruits dépendent du soleil pour un mûrissement optimal. L’ensoleillement peut provoquer des brûlures des végétaux en l’absence de couverture nuageuse prolongée. Heureusement, les viticulteurs et viticultrices prennent les devants pour tenter d’assurer, tant bien que mal, une récolte. Une taille effectuée avec une attention renouvelée, des protections contre les rayons solaires, des pulvérisations d’azote pour accompagner l’induction florale mais aussi et surtout un travail du sol en profondeur à base de décompactage de la terre tassée par la sécheresse ou en cassant l’enherbement plus tôt que d’habitude pour éviter la concurrence hydrique permettent de réduire les dégâts occasionnés aux pieds.
Les viticulteurs attendent avec inquiétude la fin de la maturation des ceps et craignent de voir apparaître des feuilles jaunissantes qui résulteraient du manque d’eau.
Dans ces conditions, il devient plus facile de voir comment les différents cépages réagissent à ces circonstances environnementales exceptionnelles. On observe en général une meilleure résistance à la sécheresse que ce que l’on pensait. Toutefois, les scientifiques de l’Inra (Institut national de recherche agronomique) ont montré dans une étude que les vignes en effet font preuve d’une belle capacité de résistance mais également que les sécheresse se répétant d’année en année finissent par les fragiliser. Il faudra déterminer les seuils qui entraîneront la mise en place d’une irrigation, celle-ci étant pour l’instant interdite par le cahier des charges des vins d’appellation contrôlée.
Des cépages mieux adaptés à la sécheresse ?
Si les plantes, naturellement, s’adaptent à leurs changements environnementaux, le réchauffement actuel est trop brutal pour beaucoup. Ainsi, certains cépages peinent à trouver leurs marques dans des conditions plus sèches et chaudes, tandis que d’autres montrent une résistance parfois inattendue aux vagues de chaleur. Des cépages actuels très connus comme le Syrah font preuve d’une résilience honorable. Également des cépages oubliés, comme le Manseng Noir, mis de côté au profit de variétés produisant un meilleur rendement, tirent leur épingle du jeu. À ce titre, le conservatoire de la coopérative Plaimont, plus grand fonds privé de cépages, est un modèle du genre et teste les variétés plus aptes à supporter la sécheresse tout en donnant satisfaction en matière de rendement. Ainsi, il est raisonnable de penser que l’exploitation de cépages anciens et l’adaptation de variétés plus récentes sont des clés pour répondre à ces situations multifactorielles qui touchent autant les racines que la floraison, les feuilles, et les baies elles-mêmes.
Crédit photo : Hacheme 26